Résumer en une petite page ce voyage en Argentine, est un exercice périlleux.
Commençons par Buenos Aires. Une capitale surprenante qui malgré son rang dans le top 20 des plus grandes villes du monde n’a rien d’une mégalopole bruyante, écrasée par des immeubles et des tours plus hautes les unes que les autres. Au contraire son allure de métropole européenne avec un nombre impressionnants de parcs et d’espaces verts en particulier dans la partie Nord et les quartiers chics comme PALERMO, donne une impression de sérénité. Dans le centre-ville (microcentro), l’atmosphère est différente, bien que foisonne la vie urbaine de part et d’autre de la plus large avenue du monde, l’avenue du 9 juillet (140 mètres de large, 16 voies de circulation, et un terreplein central couverts de jacarandas, un arbre des pays tropicaux à fleur mauve), il se cache un tourbillon de nostalgie et d’émotions. L’Obélisque (Obelisco) de la ville, au cœur de la cité, est là pour nous rappeler la fondation de la ville en 1566. La place du 25 mai (Plaza de Mayo ) est le véritable poumon de la ville. Cette place qui commémore la révolution du mois de mai 1810 a permis à l’Argentine d’accéder à son indépendance, Il y règne encore aujourd’hui une atmosphère de révolution, avec des manifestations journalières qui nous font penser que la crise de l’Argentine n’est pas finie. Mais Buenos-Aires est aussi une ville de contrastes, avec ses bidons ville à la périphérie et les quartiers pauvres du sud comme celui de La Boca aux maisons multicolores.
2 jours à Buenos Aires (la ville du bon air) ne sont pas suffisants pour apprécier toutes les merveilles de cette capitale envoutante. Je terminerai par citer 2 aspects typiques de la société PORTENOS (les habitants de Buenos Aires) le TANGO et le FUTBOL. Le TANGO qui rythme toutes les soirées de Buenos Aires dans les quartiers de SanTelmo ou La Boca en particulier. Le FUTBOL chaque dimanche soir ou la majorité des Portenos se rendent au stade Bombonera, le stade mythique de l’équipe de Boca juniors qui a vu les débuts de Diego Maradona.
Trelew (prononcer Tréléou) et la péninsule de Valdès, c’est le début de nos émotions fortes en Patagonie il convient de se munir d’un dictionnaire des synonymes pour ne pas répéter sans cesse les mêmes superlatifs. Atterrissage en pleine pampa et sans perdre de temps, notre guide local nous emmène à PUNTA TOMBO la plus grande manchotière d’Amérique du sud. Chaque année à partir du mois d’octobre PUNTA TOMBO accueille 500000 manchots de Magellan qui ont choisi cette bande de terre de 3km de long sur 600 mètres de large pour se reproduire. C’est un spectacle magnifique et inoubliable que de voir ces manchots de Magellan déambuler entre la plage et leur nid pour aller au ravitaillement, le tout dans un calme olympien hors mi le vent qui fait partie intégrante du paysage en Patagonie. Attention le code de la route local nous oblige à suivre les sentiers balisés et les manchots ont la priorité absolue quand ils traversent un sentier, un peu comme les piétons en France sur un passage clouté. Des milliers de nids sont enfouis sous les buissons pour les mieux logés et en plein soleil pour d’autres. De nombreux nids abritent un couple avec le poussin ou les poussins (2 maximum) qui sont éclos en Octobre La journée suivante, notre escapade sur la péninsule de Valdès nous a permis de découvrir une presqu’ile immense avec 2 importantes échancrures, le golf de San-José au nord et le golf de Nuevo au sud, 2 véritables pouponnières pour les baleines franches qui reviennent à chaque printemps austral pour se reproduire dans ces eaux calmes. Une visite en bateau à partir de Puerto Piramides nous a permis d’observer de près quelques cétacés mais hélas trop peu à cette période. A l’intérieur des terres, dans un paysage aride typique de la Patagonie, la faune est assez pauvre, mais nous avons croisés plusieurs groupes de guanacos (espèce de lama) des animaux superbes qui paraissent très fiers et nous regardent avec indifférence. Les routes sont rares et la plupart du temps nous roulons sur des pistes poussiéreuses faisant penser au désert. Notre prochain objectif est la pointe nord de la presqu’ile Punta Norte pour approcher un sanctuaire de la faune marine. Le long de cette piste plusieurs arrêts pour admirer tantôt un tatou, un mammifère bien curieux couvert d’une carapace défensive qui se nourrit d’insectes, tantôt un groupe de nandou de Darwin, une espèce d’autruches qui se mettent à courir en zigzag dans toutes les directions dès que l’on se rapproche, tantôt quelques maras (lièvre de Patagonie ou lièvres de pampa), qui sont énormes. En bref beaucoup de petites surprises pour agrémenter les quelques 60 ou 70 km de pistes qui nous mènent à Punta Norte. Le spectacle ici est éblouissant, it’s amazing comme dirait quelqu’un que je connais bien. Nous découvrons une côte sauvage à marée basse avec des rochers affleurant, des algues, un océan atlantique calme et bleu comme le ciel, une plage immense ou une colonie, de lions de mer qui tantôt se prélassent au soleil, tantôt se baignent ou se ravitaillent dans des piscines naturelles, formées par un étale de basse mer. Le vent est enfin tombé et à distance raisonnable, dans un silence de cathédrale, nous observons ces mammifères marins proches des otaries. A intervalles réguliers des sons curieux plutôt graves « onk, onk » viennent troubler l’atmosphère. A d’autres moments c’est un énorme male qui un peu comme un ver, mais en s’aidant de ses nageoires avance de quelques mètres, se repose puis repart. Nous serions restés des heures à observer ce spectacle de la nature, mais le temps nous est compté.
Même conclusion 2 jours pour profiter de la faune exceptionnelle de la péninsule de Valdès, ce sanctuaire de la vie sauvage, des émotions ressenties avec les manchots ou les lions de mer, c’est bien insuffisant mais c’est un grand bonheur que je souhaite à tout le monde.
Ushuaia. Deuxième étape en Patagonie, après un vol dans une forêt de nuages, nous craignons le pire, cette région est réputée pour son climat pluvieux, neigeux, venteux … Oh surprise, l’avion qui amorce sa descente nous permet d’apercevoir la baie d’Ushuaia et le canal de Beagle avec une belle éclaircie, des montagnes enneigées, un ciel nimbé de voiles nuageux et une lumière surnaturelle. Sur le port, un panneau précise USHUAIA fin del mundo. Rassurez-vous il ne s’agit pas de la fin du monde mais du bout du monde.
A peine sorti de l’aréoport, c’est d’abord un vent violent qui nous acceuille, il doit s’agir du williwaw. Si la température est de l’ordre de 5°, la température ressentie comme disent les météorologues est glaciale. Puis notre guide que je suis obligé de vous présenter car c’est un explorateur du bout du monde nous rassure en disant que c’est comme ca trois jours sur quatre.
Ushuaia est une ville de 70 000 habitants. C’est la ville la plus australe du monde s’étirant le long d’une baie majestueuse baignée par les eaux glaciales du canal de Beagle, encerclée par le mont Martial à l’ouest,les monts Olivia et Cinco Hermanos à l’est. Malgré le climat qui change d’ailleurs très souvent, on peut voir défiler les 4 saisons dans la journée, c’est une ville assez attrayante tout en couleur quand le soleil veut bien se montrer. C’est surtout un lieu magique qui enflamme l’imaginaire des aventuriers et des voyageurs La journée s’achève par une courte visite de la ville avec notre guide local ,Juan. Le lendemain Oh miracle, la météo est plus clémente et le vent est complètement tombé, merci Juan c'était certainement le quatrième jour, et nous allons pouvoir naviguer sur le mythique canal de Beagle qui sépare la terre de feu des iles chiliennes au sud de l’archipel. Croisière incontournable même sur un bateau à couillons. En quittant le port, on peut embrasser la ville dans son ensemble. Puis notre bateau s’arrête régulièrement près des ilots ou une faune incroyable nous attend. Des lions de mer de toutes tailles, des manchots de Magellan, des colonies d’oiseaux marins comme le cormoran, un oiseau qui sait à peine voler, mais nage comme un manchot. Nous sommes si proche et ils sont si nombreux que l’on profite aussi des odeurs de déjection. Notre bateau ira jusqu’au phare des éclaireurs qui prévient des dangers de l’archipel des ilôts ‘les éclaireurs’. L’après-midi sera consacré à la découverte du parc national de la terre de feu. Nous empruntons la route nationale 3 qui part de Bueno Aires à quelques 3000 km d’ici. Elle est appelée ici la route du bout du monde et elle s’arrête devant une baie superbe du canal de beagle la baie Lapataia. Juan nous fait découvrir la flore locale et le dernier bureau de poste d’argentine au cœur de la terre de feu, devant le canal de Beagle. Ce fut l’occasion d’envoyer quelques cartes postales du bout du monde et de faire tamponner nos passeports du cachet ‘ Ushuaia , la ciudad del fin del mondo’.
Encore une destination pleine d’émotions, qu’il nous faut quitter. Un dernier mot cependant, même si en direction du parc national de la terre de feu, à la sortie d’Ushuaia, il y a un magnifique golf 18 trous, nous ne pensons pas y vivre un jour, c’est quand même un peu perdu et le mistral à côté du williwaw , c’est de la rigolade. Si nous avons le bonheur d’y revenir un jour, il nous reste à voir le Cap Horn et pourquoi pas une petite escapade en Antartique, c’est à côté.
EL Calafate et le parc national des glaciers dernière étape en Patagonie El Calafate doit sa notoriété au fait d'être la localité la plus proche, donc la porte d'accès, du parc national Los Glaciares (avec ses environs de grande importance touristique comme le glacier Perito Moreno ou le pic du Fitz Roy). . L'intendance du parc se trouve à El Calafate. Véritable bout du monde austral avec Ushuaia, c’est une ville agréable ou le tourisme est en pleine expansion. Sa population qui s’élevait à 6000 habitants en 2001 voisine les 30000 habitants aujourd’hui. Situé au bord du lac Argentino, la Laguna Nimez est une étape prisée des oiseaux aquatiques de Patagonie et des espèces migratrices. Nous avons pu y admirer une colonie de flamands roses. Autre souvenir, nous avons dégusté des chocolats et des glaces aux parfums de Patagonie que nous ne sommes pas près d’oublier (c’est à un glacier suisse expatrié que nous le devons). Le lendemain découverte du fameux glacier glacier Perito Moreno. On le sait, tous les guides touristiques en parlent, c’est une merveille, mais quand on arrive devant, c’est encore plus beau que dans les livres, c’est somptueux, impressionnant, gigantesque…Le temps est à moitié couvert, mais c’est une chance car le glacier nous offre une palette de couleurs blanches, grises veinées de bleu (je sais plus blanc que blanc ou plus bleu que bleu ça n’existe pas, sauf ici). Son front glaciaire s’étend sur 5 km avec une hauteur de 60 mètres. Cet immense glacier de 250 km2 est le seul glacier au monde qui continue d’avancer, il se distingue par ses célèbres ruptures périodiques dues à son dynamisme. En permanence, on peut l’entendre craquer, et avec un peu de patience assister à des mini ruptures de glace qui viennent s’effondrer dans le lac Argentino avec un fracas assourdissant. Nous sommes restés tout une après-midi à contempler ce spectacle. Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage, nous pensions à ce stade avoir vu l’essentiel. Et bien non, la journée suivante fut tout aussi belle. Embarquement à Puerto Bandera, pour 4 heures de navigation dans les bras du lac Argentino pour approcher le glacier Upsala. Le lac Argentino est le plus grand et le plus austral des lacs de Patagonie. Ses multiples bras mènent à une litanie de glaciers tous plus beaux les uns que les autres. Le spectacle offert par ce géant bleu est absolument fascinant (mon stock de superlatifs s’épuise). Ces eaux turquoises sont émaillées d’une constellation d’icebergs aux reflets changeants. Les couleurs couvrent tout l’éventail des bleus et des gris. Comme égaré dans un labyrinthe de neige au blanc immaculé, notre embarcation circule lentement au milieu d’immenses blocs de glace. Des morceaux aux reflets saphirs se détachent du paysage pour lui donner une teinte irréelle. Nous approchons du glacier Upsala et notre embarcation doit encore réduire sa vitesse pour se frayer un chemin dans une multitude de glaçons. Je n’ai plus de mots pour décrire ce spectacle qui s’offre à nous, si j’oubliais, It’s amazing , le glacier Upsala est devant nous ou plutôt juste derrière une barrière infranchissable de blocs de glace, il y en a de toutes les formes, de toutes les couleurs qui changent au gré du soleil, de toutes les tailles, c’est extraordinaire. C’est l’un des plus grands glaciers du monde (870 km2, 8 km de large et 60 km de long). Mais il est temps de penser au pique-nique, aussi nous nous dirigeons à présent vers l’estancia Cristina ou quelques heures de marche au pied des andes vont nous permettent de digérer ce spectacle. Ce lieu est accessible uniquement en bateau par un bras secondaire du lac Argentino. L’estancia Cristina peut accueillir des voyageurs, ceux qui ont l’âme aventurière, ceux qui aiment la solitude et les grands espaces et qui n’ont pas peur des hurlements du vent et de la compagnie du froid. C’est dans ce cadre idyllique et en marchant que s’achève notre séjour en Patagonie.
Encore une fois beaucoup de regrets pour quitter ces lieux ou les activités ne manquent pas. Nous aurions aimés faire un ou deux trekkings sur ces glaciers, faire quelques randonnées équestres dans les lagunes, parcourir la montagne en 4x4 … Ce sera pour la prochaine fois.
Iguazu et ses chutes. Quitter l’Argentine sans voir peut-être les plus belles chutes du monde avec les chutes Victoria au Zambèze, eut été un sacrilège. Pour avoir vus les chutes du Niagara au Canada, nous pouvons affirmer qu’il n’y a pas photo ou plutôt si, beaucoup de photos pour immortaliser ces chutes extraordinaires visibles à la fois du côté Argentin et du côté Brésilien. Les chutes d’IGUASSU en français ont pour écrin une forêt subtropicale dont l’ampleur de la biodiversité est sans égale dans le reste du pays, ce qui constitue un premier avantage par rapport aux chutes de Niagara. Le Rio Iguazu prend sa source au Brésil et parcourt 1300km avant de se jeter dans le Rio Paraná à peine 23 km en aval des chutes. A l’approche d’Iguazu, au gré d’une faille géologique, il s’éparpille en quelques 275 cascades d’une hauteur de 40 à 80 mètres, qui s’étirent en arc de cercle sur près de 3000 mètres. Le premier jour a été consacré à la visite des chutes côté Brésilien avec dans un premier temps un survol des chutes de 10 mn en hélicoptère, puis une promenade, hélas sous une pluie de plus en plus importante pour contempler la vue panoramique qui nous est offerte de ce côté. La promenade se termine au pied des gorges du diable et donne l’impression de pénétrer dans le ventre du monstre. Le deuxième jour, nouveau miracle, le soleil est de retour et les températures voisinent les 35°, ça change avec Ushuaia. De nombreux circuits dans la forêt subtropicale nous permettent de voir au plus près ces nombreuses chutes, tout en profitant d’une faune et d’une flore exceptionnelle. Nous n’oublierons pas ce coati qui s’est emparé du pique-nique d’un touriste peu attentif. Pour conclure cette journée, c’est une passerelle d’environ 1 km qui enjambe les multiples bras du Rio Iguazu, nous conduit au-dessus des gorges du diable à quelques mètres seulement des cascades rugissantes que l’on entend et que l’on sent avec les embruns qui remontent, il ne manque guère plus que le gout pour satisfaire nos 5 sens, mais rassurez-vous personne ne plonge dans ces chutes vertigineuses pour y gouter cette eau si pure.
Le voyage touche à sa fin. Mais la fin est un objectif, pas une catastrophe.
George Sand
Nos vemos pronto queridos amig